seconde, ceux que des societes entieres publient d'un
commun consentement et apres les avoir soigneusement examines. Les uns et les
autres meritent assurement toute la circonspection et tous les egards des
censeurs. II n'y a point d'ouvrage auquel on nedoive l'observation des loix
naturelles d'equite et de bienseance. Mais on avouera pourtant que les
precautions doivent etre redoublees lorsqu'il s'agit d'ouvrages qui portent deja
le sceau d'une
approbation respectable, qui ont ete revus et juges dignes de paroitre par des
gens dont les lumieres reunies doivent naturellement etre superieures ä Celles
d'un joumaliste; et
avant que de reprendre et de condamner il faut peser plus d'une fois ce qu'on
va dire, afin d'etre en etat de le soutenir et de le justifier, si le cas
le requiert. Comme ces sortes d'ecrits sont ordinairement travailles avec soin,
et que les matteres у sont traittees systematiquement, les moindres
omissions ou inattentions peuvent faire porter des jugemens hazardes, qui par
eux-memes sont deja honteux, mais qui le deviennent bien davantage,
quand la negligence, l'ignorance, la precipitation, l'esprit de parti et la
mauvaise foi s'y montrent d'une maniere sensible.
4.
Un joumaliste ne doit pas se häter de decrier les hypo-theses. Elles
sont permises dans les matieres philosophiques; et c'est meme l'unique voye
par laquelle les plus grands hom-mes sont parvenus ä la decouverte des verites
les plus impor-tantes. Ce
sont des especes d'elans qui les ont mis en etat d'atteindre ä des
connoissances auxquelles les esprits abjects et rampans dans la poussiere ne
parviennent jamais.
5.
Surtout qu'un joumaliste apprenne qu'il n'y a rien de plus deshonorant
pour lui que de voler a quelcun de ses confreres les reflexions et les jugemens
qu'il a proposes et de s'en faire honneur, comme s'il les tiroit de son propre
fonds, tandis qu'il connoit a peine les titres des livres qu'il met en
pieces. C'est
tres souvent le cas de l'ecrivain temeraire qui s'est avise d'en-treprendre
l'extrait des ouvrages de physique et de medecine.
6.
II est permis a un joumaliste de refuter ce qui lui paroit le meriter
dans les ouvrages nouveaux, quoique ce ne soit pas