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М.В.ЛОМОНОСОВ ТОМ 6 ТРУДЫ ПО РУССКОЙ ИСТОРИИ, ОБЩЕСТВЕННО-ЭКОНОМИЧЕСКИМ ВОПРОСАМ И ГЕОГРАФИИ

 
 
 
 
 
 
 
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ТОМ 6
ТРУДЫ ПО РУССКОЙ ИСТОРИИ, ОБЩЕСТВЕННО-ЭКОНОМИЧЕСКИМ ВОПРОСАМ И ГЕОГРАФИИ
стр. 92


qu'enfin ils ne pouvoient plus supporter la tirannie de leurs colonels et la mauvaise administration des traitres, qui abu-soient de la confiance de sa majeste.

Un discours aussi hardi intimida la cour. On ordonna d'ar-reter les neuf colonels accuses par les strelitz. Iis furent tous pris en deux jours et gardes dans la Pricase, ou bureau des reutres. Les strelitz firent beaucoup d'instances, pour qu'on les remit entre leurs mains, et qu'ils regleroient bientot leur compte avec eux; mais on leur refusa leur demande. En re­vanche on les assura, que sa majeste tsarienne leur feroit rendre justice de facon a en etre satisfaits. Cependant ils ne se contenterent point de cette promesse, et pretendirent absolu-ment l'extradition de leurs colonels.

Enfin quelques boyars, aimes des strelitz, et plusieurs ёѵё-ques, pour lesquels ils ne temoignerent pourtant pas trop de deference, regieren! cette affaire d'une maniere, dont les stre­litz parurent satisfaits. Les colonels furent condamnes ä leur payer leurs pretensions suivant le compte, qu'ils en avoient donne, et ils furent demis de leurs charges. On promit en meme temps de mettre d'autres chefs a leurs places, dont ils seroient contents. Les strelitz pretendoient, qu'il falloit faire donner le knout ä leurs colonels, qui les avoient maltraites tras souvent d'une facon impitoyable.

Mais cette punition fut mitigee. On leur donna les battog-gues, ce qui s'executa le 1 et le 2 de May sur la place publique devant le bureau des reutres. On deshabilla les colonels jus qu'ä la chemyse et apres les avoir couches sur le ventre, deux hommes les battirent sur le dos avec de petites baguettes, tout aussi longtems, jusqu'ä ce que les strelitz temoignerent, que c'etoit asses. Parmi les colonels il у en avoient quelques uns, contre lesquels les strelitz etoient le plus animes, et auxquels on fut oblige de reiterer le meme chatiment jusqu'a trois repri-ses. Ceux que les strelitz hayssoient le moins, furent epargnes, et recurent moins de coups. Tout cela se faisoit selon leur bon plaisir, et personne n'osoit les contredire.

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