qu'enfin ils ne
pouvoient plus supporter la tirannie de leurs colonels et la mauvaise
administration des traitres, qui abu-soient de la confiance de sa majeste.
Un discours aussi hardi intimida la
cour. On
ordonna d'ar-reter les neuf colonels accuses par les strelitz. Iis furent tous
pris en deux jours et gardes dans la Pricase, ou bureau des reutres. Les
strelitz firent beaucoup d'instances, pour qu'on les remit entre leurs
mains, et
qu'ils regleroient bientot leur compte avec eux; mais on leur refusa leur
demande. En revanche on les assura, que sa majeste tsarienne leur feroit
rendre justice de facon a en etre satisfaits. Cependant ils ne se contenterent
point de cette promesse, et pretendirent absolu-ment l'extradition de leurs
colonels.
Enfin quelques
boyars,
aimes des strelitz, et plusieurs ёѵё-ques, pour lesquels ils ne temoignerent
pourtant pas trop de deference, regieren! cette affaire d'une maniere, dont
les strelitz parurent satisfaits. Les colonels furent condamnes ä leur payer
leurs pretensions suivant le compte, qu'ils en avoient donne, et ils furent
demis de leurs charges. On promit en meme temps de mettre d'autres chefs a
leurs places, dont ils seroient contents. Les strelitz pretendoient, qu'il
falloit faire donner le knout ä leurs colonels, qui les avoient maltraites
tras souvent d'une facon impitoyable.
Mais cette
punition
fut mitigee. On leur donna les battog-gues, ce qui s'executa le 1 et le 2 de
May sur la place
publique devant le bureau des reutres. On deshabilla les colonels jus qu'ä la
chemyse et apres les avoir couches sur le ventre, deux hommes les battirent
sur le dos avec de petites baguettes, tout aussi longtems, jusqu'ä ce que les
strelitz temoignerent, que c'etoit asses. Parmi les colonels il у en avoient
quelques
uns, contre lesquels les strelitz etoient le plus animes, et auxquels on fut
oblige de reiterer le meme chatiment jusqu'a trois repri-ses. Ceux que les
strelitz hayssoient le moins, furent epargnes, et recurent moins de
coups. Tout
cela se faisoit selon leur bon plaisir, et personne n'osoit les contredire.