Apres cette
execution
les strelitz remercierent sa majeste de la bonne justice, qu'on leur avoit
rendue,
et les colonels apporterent l'argent, qu'ils devoient payer. Quelques uns
furent obliges de donner jusqu'ä 2000 roubles et plus. Ceux
qui furent les plus promts ä s'acquiter du payement, furent les premiers
remis en liberte. Les autres qui furent plus lents, recurent tous les jours
pendant deux heures de suite des coups de baton sur les jam-bes, et cela dura
jusqu'a ce qu'ils eussent paye. Tout fut acquite dans huit jours. Les
colonels furent relaches en suite et demis de leurs charges, apras quoi ils se
retirerent sur leurs terres.
La
condescendance, qu'on
eut pour les strelitz, ne pouvoit pas manquer d'etre suivie de bien des
inconvenients. Iis fai-soient entendre continuellement dans leurs discours que
le choix du nouveau tsar n'avoit pas ete fait dans les regles» qu'ils ne
pouvoient pas croire, que le prince aine Iwan Alexeewitsch fut incapable de
regner ä cause des infirmites, qu'on Iui attribuoit, et encor moins qu'il eüt
refuse lui meme d'accep-ter la couronne, que c'etoit l'ouvrage de quelques
traitres,
dont les principaux etoient les Narischkins, pere et frere de la tsarine
douairiere, mere de Pierre I, age alors de dix ans. Iis disoient meme
ouvertement, qu'ils ne vouloient pas se laisser gouverner par les Narischkins,
et par Artemon Sergeewitsch Matfeew, qui devoit revenir de son exil, et
qu'ils les tueroient plus t6t tous.
La princesse
Sophie ne
pouvant souffrir que son frere Iwan fut exclus du trone, eut soin de fomenter
par ses creatures cet esprit de sedition parmi les strelitz. Elle crut neamoins
devoir employer d'abord les voyes les moins violentes pour parvenir ä son
but. Elle
convoqua pour cet effet chez eile les princesses du sang, le patriarche, le
haut clerge, les boyars, les generaux, la noblesse, et les marchands du
premier ordre. Elle repre-senta a cette assemblee, que le prince Jean par son
droit d'ainesse devoit necessairement monter sur le trone, et que c'etoit meme
le seul moyen de
prevenir des troubles et des guerres civiles. Tous les regiments des strelitz,
ajouta-t-elle, souhaitent de voir sur le trone le prince Jean, qui est
beaucoup plus age que