melee de larmes i!
recevoit et embrassoit ceux, qui lui faisoient Visite.
II n'y avoit pas
jusqu'a ceux, qui n'etoient point de ses amis, qui ne se rejouissoient de son
retour. Iis esperoient, que sa presence dissiperoit les troubles, que l'on
apprehendoit de la part des strelitz.
Ce seigneur
n'approuva
point ä son arrivee ä Moscou l'elevation subite des fils de Narischkin, et
surtout celle de l'aine a une si haute dignite. II trouva, qu'il etoit d'une
conse-quence tres dangereuse d'avoir accorde aux strelitz tant de pouvoir sur
leurs colonels, connoissant trop bien leur esprit toujours dispose ä la
mutinerie et ä la revolte, comme la suite ne le prouva que trop.
Apres l'arrivee de
Matfeew les strelitz ne s'entretenoient que de deliberations formees dans le
conseil des boyars pour se saisir des auteurs de ce qu'ils appeloient entre eux
la bonne action, de les punir de mort, et de disperser la pluspart des autres
dans des garnisons eloignees. L'indiscretion d'Iwan Kiri-lowitsch Narischkin
acheva d'aigrir les esprits. C'etoit un jeune etourdi qui ne menagoit pas meme
les seigneurs les plus ages. II en tiroit souvent quelques uns par la
barbe, ce
qui dans ce tems la etoit Taffront le plus
sensible. Aussi plusieurs d'entre eux s'en plaignirent-ils dans leurs
conversations avec les strelitz.
Le dimanche 14 May et Je jour suivant
les strelitz disoient publiquement, qu'Iwan Kirilowitsch,
etant entre dans la garderobe, s'etoit revetu de la robe du tsar, et que
s'etant
assis sur le trone, il avoit dit, que la couronne ne sieoit ä personne si bien
qu'a lui;
que la jeune tsarine douairiere, et la princesse Sophie lui ayant fait des
reproches
de son insolence, il en etoit devenü furieux au point, que s'etant leve
tout d'un coup de sa chaise, il s'etoit jette sur le prince Iwan pour
Petouffer, et
que les gardes de la porte accourues aux cris des princesses Ten avoient seules
empeche. Tout cela n'etoit cependant que des faux bruits, qu'on faisoit
repandre ä dessein de rendre les Narischkins
plus odieux au peuple.