Le Lundi 15/26-me de
May, pendant que les boyars etoient
encor assembles au conseil, on entendit tout a coup un strelitz, qui etoit
de garde au palais devant l'appartement du tsar crier a haute voix, qu'Iwan
Narischkin vouloit etouffer le prince Iwan Alexeewitsch. Sur le champ on cria
aux armes. Quelques uns coururent pour sonner le tocsin. La pluspart des
strelitz, qui etoient dans le Kreml coururent au palais, d'autres occu-perent
les portes, et ne laisserent sortir personne. Les courti-sans qui etoient de
Service,
et dont quelques uns
ne venoient que de s'eveiller, tacherent de se sauver comme ils
purent. D'autres
se cacherent ca et lä. Plusieurs carosses des seigneurs,
qui devoient etre la victime de la fureur
des seditieux, furent haches en pieces, et les chevaux estropies. En
attendant Pierre Tolstoi emissaire de Miloslavskoi parcourut ä cheval tous les
quartiers de la ville ou demeuroient les strelitz criant a haute voix, que les
Narischkins avoient etoufes le prince Jean, et que les strelitz devoient se
rendre en diligence au Kreml. Ceux-ci deja prepares n'attendoient que le
Signal.
Iis coururent donc
comme des forcenes au Kreml avec leurs armes, drapeaux deployes et menant du
canon avec eux. Lorsqu'ils furent arri-ves devant le palais, ils s'ecrierent
tous: „Donnes nous les traitres Narischkins, qui ont etoufe le prince Iwan
Alexeewitsch, ou nous massacrerons tout le monde".
Les boyars knes Michel Jurjewitsch
Dolgoroukoi,
chef du bureau des strelitz, et Artemon Sergeewitsch Matfeew allerent sur le
grand escalier, et assurerent les strelitz, que le prince Iwan Alexeewitsch
etoit en bonne sante, et qu'il alloit sortir ä l'instant pour se montrer. Cela
les tranquillisa un peu. Ce-pendant la princesse avoit ordonne de distribuer
aux revoltes quelques tonneaux d'eau de vie sous pretexte de les appaiser. La
tsarine Natalia Kirilowna sur les instances des boyars parut avec les princes
sur le grand escalier, accompagnee de la princesse Sophie, ce qui deconcerta
entierement les rebelles. Plusieurs d'entre eux monterentsur l'escalier et
demanderent au prince Iwan s'il Г etoit veritablement. Quand
il les en eüt assures, ils