Pendant que les
strelitz, qui etoient en bas, crioient sans cesse: „Vivent notre tsar Iwan
Alexeewitsch, et notre prince Pierre Alexeewitsch, et perissent tous les
traitres!" ceux qui etoient sur l'escalier continuoient ä demander
l'extradition d'Iwan
Kirilowitsch Narischkin.
Dans ces
entrefaites
Fedor Petrowitsch Soltikoff, jeune seigneur, dont le pere Pierre
Michailowitsch Soltikoff etoit fort aime des strelitz, perdit la v!e
innocement. Les strelitz demandant continuellement Iwan Kirilowitsch, et
voyant par derriere un jeune homme, qui se pressoit d'entrer dans une
eglise, s'ecrierent
d'abord: „Voila Iwan Narischkin!". II le saisirent incontinent, et comme
il ne pouvoit pas se faire connoitre sur le champ ä cause de la grande frayeur,
dont il etoit agite, ils le jetterent en bas de l'escalier, le tuerent et
trainerent son corps aupres des autres. Ayant ensuite remarque leur
meprise, ils
porterent le corps dans la maison de son pere, qui etoit pour lors malade, et
lui firent leurs excuses. Le pere ne leur repondit autre chose si non, que
c'etoit la volonte de Dieu et
fit regaler les porteurs d'eau de vie et de biere.
Le general knes
Grigorey Grigoriewitsch Romodanofski fut trouve bientot aprbs, et expedie
comme les autres. On epargna son fils, peut etre parce qu'il n'etoit pas sur
la liste, ou comme disoient les strelitz, en consideration de ce qu'il avoit
ete vingt ans en esclavage
ches les Tatares de la Crimee.
Avant que la nuit survint, le vieux
boyar
knes juria Alexeewitsch Dolgoroukoi fut encor sacrifie ä la rage des strelitz.
Ce seigneur voulant retourner a sa maison vit son carosse entoure par les
strelitz, qui s'offrirent de le conduire chez lui, l'assurant que leur
premiere intention n'avoit pas ete de tuer son fils; mais qu'il leur avoit
parle avec trop de durete, et qu'il s'etoit Joint a Artemon Matfeew pour les
punir, ils s'etoient portes ä cette action dans un premier moment de
fureur, et
qu'ils lui en demandoient pardon. II n'osa leur dire autre chause si non que
c'etoit la volonte de Dieu. Les
strelitz le conduisi-rent tres respectueusement jusques ches lui, ou il leur
fit donner