le conduisit apres avec le medecin
Daniel ä un endroit
situe ä l'extremite du Kreml pour les appliquer tous les deux ä la
question, rigueur
qu'ils n'avoient point encor exercee envers aucun de ceux qu'ils avoient
massacres. Ce fut un rafinement de cruaute de leur part pour leur rendre la
mort plus doulou-reuse. Iwan Narischkin fut applique le premier ä la torture
et malgre qu'on le tourmentät d'une facon affreuse, il ne repondit pas un seul
mot. Quelques strelitz le trainerent ensuite sur la grande place devant le
Kreml, ou l'on le hacha en pieces, et l'on mit sa tete, ses pieds et ses
mains sur des pointes de fer. Le medecin Daniel fut applique ä son tour ä la
question. Quelques strelitz faisoient les fonctions de boureaux, et
d'autres enregistroient tout ce qu'il repondoit. A la fin cet examen
le4r
paroissant trop ennuyeux, ils dechirerent le registre et le trainerent sur la
grande place hors du Kreml, ou ils le massacrerent, et hacherent son corps en
pieces. Pendant toutes ces scenes tragiques ils observoient entr'eux une
discipline fort exacte. Celui qui etoit convaincu du moindre vol ou
pillage, etoit d'abord puni. Toutes les fois qu'on produisoit une nouvelle
victime, on donnoit au chateau le signal pour battre la caisse, et sonner le
tocsin, ce qui continuoit si long temps jusqua ce que le malheureux fut traine
hors du Kreml, et mis a mort sur la grande place. Quand quelqu'un etoit
condamne ä mort, on le conduisoit sur le grand escalier devant le palais et
les strelitz qui etoient en haut l'elevoient, afin que leurs camara-des, qui
etoient en bas pussent le voir; apres quoi ils leur de-mandoient: „Freres le
souhaitez-vous?" Ceux, qui etoient en bas, n'avoient pas plut6t repondu:
„Oui, nous le souhaitons", qu'ils presentoient leurs piques et
hallebardes. La malheureuse victime etoit saisie par les mains et par les
pieds et jettee d'en haut sur les piques. Apras quoi on la trainoit sur la
grande place hors du Kreml, ou l'on achevoit de lui donner la mort. II etoit
midi passe lorsque le medecin Daniel fut massacre. Les strelitz se
presenterent apras devant le palais, et crierent tous: „A pre-sent nous sommes
satisfaits! Que sa majeste tsarienne en use avec