Les tsars en
arrivant
au bourg de Wosdwischenskoie, se douterent bien que Chovanskoi n'obeiroit pas
plus ä un second ordre qu'au premier. Iis prirent le parti de dissimuler et
lui ecrivirent une lettre pleine d'affection, dans laquelle ils louoient ses
Services, lui promettoient des
gratifications et l'exhortoient ä venir les joindre pour assister a un conseil.
Un ton si flatteur et la reception prochaine du Hetman qui etoit en chemin
pour Moscou firent donner Chovanskoi et son fils dans le piege. On ne lui
donna pas le tems d'arriver ä Wosdwischenskoe, il fut arrete dans le bourg de
Pouschkin avec 37 strelitz qui l'accompagnoient.
Les pillages et
d'autres exces qu'ils avoient commis, le crime de rebellion dont ils etoient
atteints, determinerent la cour ä leur faire donner la question. Iis
avouerent leurs crimes pour l'expiation des quels ils furent decapites ä
Wosdwischenskoe. Le knes Iwan Chovanskoi, autre fils de celui qui venoit
d'etre execute, se sauva a Moscou, ou il chercha a soulever les
strelitz, pretextant
que l'execution de son pere, celle de son frere et des strelitz avoient ete
faites sans la participation et l'ordre des tsars, et sans avoir ete precedees
d'aucun examen prea-lable.
A cette
nouvelle, les
strelitz sonnerent le tocsin, battirent la caisse, prirent les armes resolus
de se transporter au mona-stere de la Trinite pour у mettre tout ä feu et ä
sang. Appre-nant toutes fois que le nombre des troupes qui se rendoient aupres
des tsars augmentoit chaque jour, la terreur se mit parmi eux, et ils
songerent a se fortifier dans Moscou pour у soutenir un siege en
cas de besoin.
Les tsars
ecrivirent
au patriarche pour l'informer de l'execution de Chovanskoi. Le colonel Pierre
Zinovieff fut charge de la lettre. Ce ne fut qu'avec peine qu'il echapa ä la
fureur des
strelitz,
qui
le conduisirent chez le patriarche et lui ordon-nerent de lire la lettre ä
haute voix. Leur fureur s'accrut quand ils entendirent la lecture de
l'execution de Chovanskoi; ils jure-rent de la venger dans le sang de tous les
gentilshommes.