ces
reflexions la
tinrent quelque tems indecise sur le pardon des coupables. Mais cousäderant
les ruisseaux de sang qui etoient pres de couler, touchee de la posture
humiliante du patriarche agenouille devant eile, et sensible aux larmes des
femmes et des enfants des coupables, le ressentiment fit place ä la
commiseration. Elle supplia les tsars avec larmes de leur pardonner. Les
tsars firent ouvrir les fenetres de leurs appartements, firent une vive
reprimande aux strelitz, et leur pardon-nerent. Ceux-ci se leverent sur le
champ et se prosternerent plusieurs fois devant leurs souverains, apras quoi
ils se reti-rerent.
Le 6/17 de
Novembre les deux
monarques retournerent ä Moscou, ou ils firent une entree pompeuse aux
acclamations du peuple. Leurs majestes у firent publier le pardon accorde aux
strelitz. Les
gentilshommes accourus ä leur secours furent recompenses et pour plus grande
surete ä l'avenir, on leur ordonna de s'etablir a Moscou. C'est ainsi que
finit cette revolte.
REGENCE DE LA PRINCESSE SOPHIE
Le tsar Jean
Alexeewitsch etoit ne infirme. Son frere cadet loin de s'occuper des amusements
de l'enfance, s'appliquoit par goüt a 1'etude de l'art militaire, et d'autres
sciences utiles. II ne fut donc pas fort difficile ä la princesse Sophie de se
rendre maitresse de toutes les affaires.
Les evolutions
militaires nouvellement introduites, ne plai-soient nullement aux strelitz. De
tout ce corps, Pierre premier n'aimoit que le regiment de Soukareff dont la
fidelite lui etoit connue, et qui dans la derniere rebellion n'avoit eu aucune
intelligence avec les revoltes. Aussi Pierre premier le gardoit-il toujours
pres de sa persone. Les autres regiments tächoient d'inspirer a la princesse
Sophie de la mefiance, ä i'occasion du nouvel exercice militaire que Pierre
premier avoit introduit. La princesse pour affermir son autorite, confia le
bureau des strelitz ä Tscheglovitoi conseiller prive, qui etoit en grande