Le tsar entraine par les conseils de
Jasykow se
remaria avec Marfa Matfewna de la famille d'Apraxin, mais peu apres sa maladie
empira, et il mourut le 27 d'Avril de l'annee 1682. Deux jours avant sa
mort les strelitz, maltraites par leurs colo-nels, qui les employoient a
toutes sortes de travaux, ne les en dispensoient meme les jours de fetes et
leur retranchoient leur paye sous differents pretextes, presenterent une
requete au tsar, dans laquelle ils demanderent, qu'on les satisfit sur toutes
leurs plaintes. Iis choisirent un de leurs camarades pour la porter au bureau
des strelitz. Le doumnoi dworänin, ou conseiller de la chancellerie, Paul
Petrowitsch Jasykow, la recut, leur promit d'en faire rapport au knes Juria
Alexeewitsch Dolgoroukoi, chef du meme bureau, et que le lendemain ils
auroient reponse.
Jasykow se rendit d'abord ches le
knes
Dolgoroukoi, mais il ne lui exposa pas la chose comme eile etoit. II lui dit,
qu'un strelitz yvre etoit venu lui remettre la requete, et qu'il avoit meme
parle du knes dans des termes peu respectueux. Le knes Dolgoroukoi
repondit, que
si le strelitz etoit yvre, il falloit le faire punir de la knout le lendemain
devant le corps de garde, pour donner exemple aux autres strelitz.
Le meme strelitz
retourna au bureau le jour apres pour s'informer de l'effet, qu'avoit produit
la requete, qu'il avoit presentee au nom de tous ses camarades. On lui
repondit, que sa majeste tsarienne avoit ordonne de le punir de sa
mutinerie, et
de lui faire donner le knout, afin de statuer un exemple pour tous les autres.
Deux archers, accompagnes du boureau, le conduisirent ä l'endroit, ou
l'execution devoit se faire. Pendant qu'il se deshabilloit pour subir le
chatiment prescrit par la sentence, il s'ecria aux autres strelitz: „Ce n'est
que de votre aveu et de votre consentement, que j'ai presente la
requete, comment
pouves vous donc permettre, qu'on me fasse cet affront!"
Quelques strelitz
accoururent d'abord et delivrerent leur camarade apres avoir maltraite les
archers et le boureau.